Bref, le lézard des ruines est une espèce originaire du "refuge italien". Avant de continuer, juste une explication de la notion de "refuge" en paléoécologie. Un refuge est une zone géographique où les espèces ont pu survivra lors des périodes glaciaires. Ainsi en Europe nous avons 3 principaux "refuges": le refuge ibérique, le refuge balkanique et enfin le refuge italien. Pour plus d'info ce lien de l'INRA (surtout l'intro) puis cet article.
Alors pourquoi tout ce bla-bla de vieux conférencier, tout simplement car même si le lézard des ruines est une espèce européenne, sa présence en France est due à l'intervention indirecte de l'homme. Tout d'abord la sous espèce toscane (P.s.campestris) dans l'antiquité dans la région de Bastia et d'Aléria (en Corse), puis au XIXème siècle au sud de l'île la sous espèce sarde (P.s.cetti) et enfin la sous espèce toscane colonisa le continent d'abord au Château d'If dans la rade de Marseille vers 1880 puis très récemment via le commerce d'oliviers italiens à Hyères.
Au final ce beau lézard s'ajoute à la longue liste des espèces invasives source de perturbations de l'équilibre des écosystèmes. Ainsi on retrouve le lézard des ruines sur plusieurs localités du pourtour méditerranéen et même aux Etats-Unis. Le problème majeur constater à ce jour avec cette espèce, c'est l'entrée en compétition de celle-ci avec les espèces autochtones. Comme en Corse où le lézard des ruines a pris la place au lézard tyrréhnien (Podarcis tiliguerta) notamment sur la frange littoral ou les milieux ouverts par l'homme (friches, cultures,...). Mais bon il y a ici rien d'inquiétant pour les autres espèces de lézards corses qui se portent assez bien au final. Il est seulement important d'éviter de nouvelles introduction notamment dans les milieux micro-insulaires.
Pour ma part ces photos ont toutes étaient prises en Corse. Ces clichés représentent la sous espèce P.s.campestris rencontrée dans la plaine d'Aleria (avec une femelle d'abord puis un beau mâle et enfin une autre femelle). Sur le terrain c'est une espèce assez facile à contacter car il peu être relativement abondant et peu farouche, ce qui n'est pas forcément vrai pour la sous-espèce P.s.cetti laquelle que je n'ai pu contacter malgré plusieurs jours de prospection sur le plateau bonifacien! Pour leur reconnaissance leur morphologie est plus trapue que les lézards des murailles ou le lézard tyrréhnien, la gorge des adultes n'est jamais contrastée, elle présente souvent une couleur bien blanche. Pour plus de détails vous avez ce bouquin très très bien.
Une dernière chose très intéressante qui concerne notre lézard des ruines une étude faite entre 1971 et 2004, montre que cette espèce volontairement introduite dans un îlot méditerranéen a pu évoluer de manière significative en une trentaine d'années. Une évolution à échelle humaine, chose rarement étudiée notamment chez les vertébrés. A lire ici!
Merci!
A plus.
1 comment
Très très intéressant. Je ne connais pas bien ce sujet et il y a une foule d'informations à lire et à relire.J'aime beaucoup les livres de la collection Parthénope, très clair et superbement documenté!
Les photos sont très belles! Surtout ces belles couleurs sur le dos de l'animal, la seconde image est magnifique!
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